mardi 8 juillet 2008

Un nouveau départ

Bonjour à tous! Aujourd'hui, inauguration de la rubrique "Minimaliste?", visant à comprendre la Bande dessinée minimaliste dans un premier temps, viendront ensuite des réflexions personnelles, qui n'engageront évidemment que moi... J'essaierai également par le biais de cette rubrique de répondre a vos questions concernant cet aspect méconnu de la Bande dessinée. Plus tard, j'inaugurerais également une rubrique consacrée aux auteurs qui ont oeuvrés dans ce "genre". Puis je mettrais également en ligne une bande dessinée que j'ai réalisé il y a maintenant quelques années, qui est maintenant épuisée, et qui me paraît correspondre à une forme de minimalisme sur bien des points. N'en déplaise à certains! (non non je ne pense presque à personne en disant ça!)

Qu’est ce que le Minimalisme ?

A la base, il s’agit d’un courant de l’art contemporain des années 60. Interprété comme une réaction à deux autres courants majeurs du moment : Le Pop Art (années 50) et le mouvement Expressioniste Abstrait (autour de 1945). Le premier étant pour les pionniers du Minimalisme trop dans la représentation, trop figuratif, ne s’éloignant pas suffisament de la peinture « classique » au niveau de la forme. Le second mouvement, lui, trop dans le ressentit, l’émotion, et donc finalement trop subjectif.

Les peintres Ad Reinhardt et Frank Stella sont généralement considérés comme les pionniers du mouvement Minimaliste au début des années 60, même ce nom fut donné fin 1965 par Richard Wollheim (un philosophe et critique).

Ad Reinhardt « Abstract Painting » 1963. Oil on canvas, 60 x 60" (152.4 x 152.4 cm)

Frank Stella "Black Abstraction" 1969

Le but de ce courant est de créer des œuvres qui ne peuvent être vue que pour ce qu’elles sont. Les monochromes de Reinhardt sont juste de la peinture, par exemple. L’œuvre existe donc pour ce qu’elle est, et non grace à ce qu’elle représente. La simplicité, la sobriété extrème généralement utilisé permet aux artiste de se débarraser de tout effet illusionniste, qui pourrait brouiller le propos.

Mais l’insistance sur cette caractéristique, leur paraît un jugement réducteur au point qu’ils rejetteront l’appellation de « minimalisme » ou d’« art minimal ».

D’autres artistes ont œuvrés activement à cette démarche, mais dans une dimension spatiale supplémentaire : la 3ème dimension.

Donald Judd, « Stack » 1972, 10 éléments superposés à équidistance
Acier inoxydable, plexiglas rouge
470 x 102,5 x 79,2 cm
Chaque élément : 23 x 101,60 x 78,70 cm

Dan Flavin, installation sans titre avec de la lumière
Tubes fluorescents, métal peint
245 x 245 x 139 cm

Il est interessant de constater les différences entre sculptures et peintures. En effet, afin d’exister pour ce qu’elle est, chaque catégorie d’œuvre va jouer et mettre en avant les spécificités formelles de chacune. Pour la peinture, ca sera plus la matière (l’outil, la catégorie de peinture, sa méthode d’application…) et son plan (plat), par exemple. Les premières œuvres se détachant même de la couleur, optant pour la neutralité du noir… Reinhardt révélant l’aspect plat de son support (la toile), Stella au contraire joue sur les effets de perspective qui nous rappellent que la peinture est bien un art en deux dimensions, que la 3eme n’est qu’illusion, effet d’optique.

Pour la sculpture, ce sera plus la représentation spatiale qui sera importante. Judd construisant l’espace aussi bien avec ses pleins que ses vides, Flavin délimitant un espace vide avec de l’immatériel (la lumière). Ces deux techniques permettant aux sculptures de trouver leur place dans l’espace, de moduler selon leur présence.

Puisque chaque catégorie a ses propres spécificités, quelles sont les spécificités de la Bande Dessinée qu’il faut mettre en avant pour atteindre le même but ?

Will Eisner la définissait comme « Art séquentiel ». Ce qui fait effectivement la spécificité de la Bande Dessinée, c’est sa juxtaposition volontaire en séquence. Chaque image représente une séquence (plus ou moins longue dans le temps), et c’est leur positionnement en continuité, dans un sens volontairement établit, qui permet de donner un sens. Le vide qui sépare chaque case de bande dessinée est généralement une élipse, qui permet de jouer avec l’imagination du lecteur (mais ça n'est pas toujours forcément le cas). C’est dans cet espace invisible, mais loin d’être vide finalement, que le lecteur va créer une liaison, émotionnelle ou de sens, entre les images proposées.

Le cinéma partage cette spécificité, mais de facon tout autre. D’abord, l’oeil ne va pas saisir le changement d’image (trop rapide), de plus, dans le cas d’un plan fixe, l’enchainement des images étant continuel, il n’y a donc pas de juxtaposition volontaire. Rajoutons qu’entre chaque image diffusée on a aussi une élipse, mais si infime, qu’à la vitesse de diffusion (24 images/secondes) elle va disparaître. Tout semblera fluide.

Les séquences cinématographiques, ainsi que les élipses, n’ont donc aucun rapport avec celles de la Bande dessinée.

Une bande Dessinée minimaliste, qui metrrait en avant sa séquentialité, pourrait donner quelque chose dans ce genre là :

SydN


La prochaine fois, nous verrons dans cette rubrique que si l’essence même de la Bande Dessinée est sa séquentialité, elle n’en connaît pas moins d’autres intérêts qui, comme la couleur en peinture et le modèle structurel en sculpture, n’en sont pas moins intéressant à utiliser.

Je vous propose de voter pour le prochain article, la semaine prochaine.



Quelques liens:
Le minimalisme (Wikipédia)
Le minimalisme (Centre Pompidou)
Will Eisner (wikipédia)
L'art invisible (Wikipédia), certainement l'ouvrage le plus accéssible concernant la réflexion autour de la Bande Dessinée
La bande dessinée (encore Wikipédia)

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